Publié le 15 mars 2024

Le débat sur la supériorité de l’offset est aujourd’hui dépassé ; la véritable question est celle de l’arbitrage technologique pour un projet donné.

  • La qualité perçue ne dépend plus seulement de la presse, mais de l’écosystème complet : encre, papier, et surtout, finitions comme le rainage.
  • Les presses numériques modernes, avec leurs encres spécialisées (blanches, UV, métalliques), ouvrent des possibilités créatives et de durabilité inaccessibles ou trop coûteuses en offset pour les petits et moyens tirages.

Recommandation : Évaluez vos projets non pas en opposant les technologies, mais en choisissant la combinaison la plus pertinente entre le support, l’encre et la finition pour atteindre votre objectif.

En tant que directeur d’imprimerie, je connais bien la musique rassurante d’une presse offset qui tourne à plein régime. Pour beaucoup de mes clients, particulièrement ceux habitués aux grands volumes, l’offset est synonyme de qualité absolue, un standard quasi indétrônable. L’idée qu’une presse numérique puisse rivaliser, notamment pour des projets d’image comme une brochure d’entreprise, suscite encore du scepticisme. On entend souvent que le numérique, c’est pour les urgences et les petites quantités, et que pour la « vraie qualité », l’offset reste le maître.

Pourtant, ce paradigme a volé en éclats au cours de la dernière décennie. La question n’est plus de savoir si le numérique peut « égaler » l’offset. Le combat a changé de ring. Aujourd’hui, nous parlons d’un arbitrage technologique bien plus fin, où les contraintes physiques du papier, la chimie des encres et l’intelligence des finitions priment sur le nom de la technologie. Le numérique a non seulement comblé son retard sur des points techniques essentiels, mais il a aussi créé de nouvelles règles du jeu, notamment sur des supports spéciaux ou pour des applications exigeant une durabilité à toute épreuve.

Cet article n’est pas un plaidoyer pour l’une ou l’autre technologie. C’est une visite guidée au cœur de l’atelier, pour vous montrer, faits techniques à l’appui, comment les presses numériques modernes ne se contentent plus de rivaliser, mais redéfinissent ce que signifie une impression de « qualité ». Nous allons analyser les limites réelles, les innovations marquantes et les erreurs à ne pas commettre pour que votre prochaine brochure soit non seulement belle, mais parfaitement adaptée à son usage, qu’elle sorte d’une presse numérique ou offset.

Pour vous aider à naviguer dans ce paysage technologique complexe, cet article est structuré pour répondre aux questions concrètes que se posent les acheteurs d’imprimés. Nous aborderons les aspects techniques, des formats aux types d’encre, en passant par le choix crucial du papier, afin de vous donner les clés d’un arbitrage éclairé.

Pourquoi le format 13×19 pouces limite-t-il la taille de vos dépliants en numérique ?

C’est l’un des premiers points de friction pour un habitué de l’offset : la taille de la feuille. En impression numérique, le format le plus courant est le 13×19 pouces (SRA3). Cette contrainte physique n’est pas un caprice, mais une réalité technique liée à la conception de la majorité des presses numériques. Si ce format est parfait pour des brochures standards (comme un 8.5×11 pouces plié en deux) ou des cartes d’affaires, il atteint rapidement ses limites pour des dépliants à trois volets de grand format ou des affiches. Un dépliant 3 volets de format lettre US final (8.5×11 pouces) nécessite une feuille de presque 25.5 pouces de large, bien au-delà du 19 pouces standard.

L’offset, avec ses formats de feuilles standards comme le 20×29 pouces ou même le 28×40 pouces, offre une flexibilité bien supérieure pour ce type de projet. Cela permet non seulement de créer des pièces plus grandes, mais aussi d’optimiser le placement de plusieurs projets sur une même feuille (le « ganging ») pour réduire les coûts. Cependant, il est crucial de noter que des presses numériques haut de gamme commencent à proposer des formats plus grands (jusqu’à 20×29 pouces), mais elles représentent un investissement plus conséquent et sont moins répandues. Malgré cette limitation de format, les analyses de marché confirment que le marché de l’impression numérique devrait atteindre 180,9 milliards de dollars d’ici 2024, ce qui démontre que de très nombreuses applications s’accommodent parfaitement de ce format.

L’arbitrage est donc simple : si votre design de brochure ou de dépliant ne peut absolument pas être repensé pour tenir sur une feuille de 13×19, l’offset reste la solution la plus directe. Mais si le format est flexible, le numérique offre d’autres avantages qui peuvent largement compenser cette contrainte.

Cette contrainte initiale, loin d’être un désavantage rédhibitoire, force souvent une réflexion créative sur le design et l’optimisation de l’espace, menant à des formats plus percutants et moins conventionnels.

Comment imprimer sur du plastique indéchirable sans que l’encre ne s’efface ?

Voici un domaine où l’impression numérique moderne ne se contente pas de rivaliser, mais surpasse souvent les techniques traditionnelles pour les moyens tirages. Imprimer sur des substrats non poreux comme le plastique (polyester, vinyle, papier synthétique type Yupo) a toujours été un défi. L’encre offset a du mal à « pénétrer » la matière, et le séchage est long et complexe. Le numérique, grâce à des technologies d’encre spécifiques, a résolu ce problème avec brio.

La clé réside dans deux innovations majeures : le traitement de surface et les encres spécialisées. Avant même l’impression, le substrat plastique peut subir un traitement corona, une décharge électrique qui modifie sa tension de surface pour rendre le matériau plus réceptif à l’encre. Ensuite, des encres comme la HP Indigo ElectroInk sont utilisées. Il s’agit d’une encre liquide qui, une fois transférée sur le papier, forme une couche de polymère extrêmement fine et flexible qui fusionne avec le support sous l’effet de la chaleur. Le résultat est une impression d’une durabilité exceptionnelle, qui ne craque pas et ne s’efface pas, même sur des menus de restaurant manipulés des centaines de fois ou des cartes de sentiers soumises aux intempéries.

Détail macro d'impression sur plastique synthétique avec encres UV résistantes

Cette capacité à imprimer sur des matières synthétiques avec une telle qualité ouvre la porte à des applications à haute valeur ajoutée. Des badges d’événement aux manuels techniques de chantier, le numérique offre une solution rapide et économique pour créer des documents qui doivent résister à l’eau, à la déchirure et aux manipulations intensives, sans nécessiter de laminage post-impression dans certains cas.

Plan d’action : Garantir l’adhésion de l’encre sur plastique

  1. Pré-traitement : S’assurer que le fournisseur applique un traitement corona ou un primer adéquat sur la surface plastique pour augmenter sa tension de surface.
  2. Choix de l’encre : Exiger l’utilisation d’encres spécifiquement formulées pour les substrats non-poreux, comme les encres UV ou les encres liquides de type ElectroInk.
  3. Processus de séchage : Confirmer que le processus inclut un durcissement (curing) immédiat et adapté, par lampes UV à haute intensité ou par fusion thermique contrôlée.
  4. Test de résistance : Demander un test d’abrasion (test du ruban adhésif ou de la rayure) sur un échantillon après 24 heures de séchage complet pour valider l’adhésion.
  5. Contrôle du stockage : Vérifier que les substrats synthétiques et les encres sont stockés dans des conditions de température et d’humidité contrôlées pour préserver leurs propriétés.

L’enjeu n’est donc plus seulement d’imprimer une image, mais de garantir son intégrité physique dans des conditions d’usage extrêmes, un défi que le numérique relève avec brio.

Numérique ou sérigraphie : lequel choisir pour imprimer du blanc sur papier noir ?

L’impression d’une couleur opaque, et surtout du blanc, sur un papier de couleur foncée est un test de qualité ultime. Historiquement, la sérigraphie était la reine incontestée pour cette application. Elle permet de déposer une couche d’encre très épaisse et opaque, offrant un blanc éclatant avec un léger relief tactile. Cependant, la sérigraphie implique la création d’écrans, un coût de démarrage fixe élevé et n’est rentable que pour des quantités importantes.

L’impression numérique a longtemps peiné sur ce point. Les premières encres blanches numériques manquaient d’opacité et nécessitaient plusieurs passages, augmentant les coûts et les délais. Aujourd’hui, la situation a radicalement changé. Des technologies comme l’encre HP Indigo Premium White permettent d’obtenir une opacité remarquable en un seul ou deux passages. Comme le précise la documentation technique d’HP Canada sur son encre ElectroInk, cette solution est conçue pour des impressions à forte valeur ajoutée.

Cette encre très opaque produit à grande vitesse des impressions à forte valeur ajoutée. Gagnez en efficacité avec moins d’impressions à l’encre blanche, et impressionnez avec un blanc éclatant et des couleurs vives sur des supports colorés

– HP Canada, Documentation technique HP Indigo ElectroInk

Le choix entre numérique et sérigraphie devient alors un arbitrage entre coût, quantité et rendu final. Pour un carton d’invitation de luxe en 50 exemplaires, le numérique sera bien plus économique et rapide. Pour 2000 emballages de produits, la sérigraphie pourrait redevenir compétitive au coût unitaire. Il faut aussi considérer la texture : la sérigraphie offrira toujours un léger relief, tandis que le blanc numérique sera parfaitement lisse et intégré au papier.

Comparaison : impression blanche en numérique vs sérigraphie
Critère Numérique (HP Indigo) Sérigraphie
Opacité du blanc Bonne avec encre Premium White Excellente (épaisse et texturée)
Quantité minimale 1 exemplaire 50-100 exemplaires
Coût unitaire (50 copies) 3-5 $/unité 8-12 $/unité
Coût unitaire (2000 copies) 2-3 $/unité 0.50-1 $/unité
Texture finale Lisse, fine Épaisse, relief tactile

Finalement, le numérique n’a pas remplacé la sérigraphie, mais il a rendu l’impression de blanc sur papier foncé accessible et abordable pour une toute nouvelle gamme de projets créatifs à court tirage.

L’erreur de ne pas rainer (creaser) le papier épais imprimé en numérique

C’est peut-être l’erreur la plus fréquente que je vois chez les clients qui passent de l’offset au numérique pour leurs brochures sur papier cartonné : négliger le rainage. Le résultat ? Une magnifique impression, ruinée par une craquelure disgracieuse le long du pli. Ce phénomène a une explication physique simple qui illustre parfaitement la différence fondamentale entre l’encre offset et le toner numérique.

L’encre offset, liquide et grasse, pénètre les fibres du papier. Lorsqu’on plie la feuille, l’encre accompagne la déformation des fibres. Le toner numérique, quant à lui, est une poudre de plastique qui est fusionnée en surface du papier par la chaleur. Il crée une fine couche solide et un peu cassante. Sans un rainage (ou « creasing » en anglais), plier cette feuille revient à casser cette couche de plastique. Les fibres du papier apparaissent alors sous la craquelure, ce qui est particulièrement visible sur des couleurs foncées.

Vue rapprochée d'un équipement de rainage professionnel travaillant sur papier épais

Le rainage est une opération de finition qui consiste à compresser les fibres du papier le long de la future ligne de pli à l’aide d’une molette ou d’une lame arrondie. Cette « rigole » prépare le papier au pliage, lui permettant de se plier proprement sans que la surface ne se brise. Sur tout papier d’un certain grammage (généralement au-delà de 170 g/m²), cette étape n’est pas une option, mais une obligation pour garantir une finition professionnelle. Un bon imprimeur intégrera toujours cette étape dans son devis pour des brochures, des cartes de vœux ou des chemises de présentation imprimées en numérique.

Ignorer cette étape de finition, c’est un peu comme acheter une voiture de sport et y monter des pneus bas de gamme : toute la performance de l’impression initiale est compromise par un détail final.

Quand grouper plusieurs petits projets sur une même feuille offset (ganging) ?

Le « ganging », ou amalgame en français, est une technique née des contraintes économiques de l’impression offset. Le coût principal en offset réside dans la préparation : la création des plaques (une par couleur) et le calage de la presse. Ces coûts sont fixes, que vous imprimiez 500 ou 50 000 feuilles. Pour les rentabiliser, l’idée est simple : remplir la grande feuille offset (ex: 28×40 pouces) avec un maximum de projets différents. On peut ainsi imprimer en même temps les cartes d’affaires de la compagnie A, les dépliants du restaurant B et les cartons postaux de l’artiste C.

Cette méthode est extrêmement efficace pour réduire le coût unitaire de petits projets. C’est l’un des avantages historiques de l’offset pour rester compétitif face au numérique sur des volumes moyens. Cependant, le ganging impose des contraintes strictes : tous les projets regroupés sur la même feuille doivent obligatoirement utiliser le même type de papier (grammage, finition) et les mêmes encres (généralement CMJN). Il n’y a aucune place pour la personnalisation d’un projet à l’autre.

Avec l’impression numérique, le concept de ganging perd beaucoup de sa pertinence. Comme il n’y a ni plaques ni temps de calage significatif, le coût de démarrage est quasi nul. Chaque impression peut être unique sans surcoût. Le numérique offre une flexibilité totale, permettant d’imprimer 100 brochures sur papier couché, puis 50 sur papier texturé, sans avoir à se soucier de « remplir une feuille ». Le choix se fait donc sur le volume : pour des centaines de petits projets standards à faible coût, le ganging en offset peut encore être une option. Pour la flexibilité, la personnalisation et la rapidité, le numérique est sans conteste le grand gagnant.

Le ganging reste un outil d’optimisation puissant, mais son domaine d’application s’est considérablement réduit avec l’agilité et la rentabilité du numérique sur les petits et moyens tirages personnalisés.

Impression numérique ou offset : laquelle choisir pour un tirage de 500 à 10 000 exemplaires ?

C’est la question centrale pour de nombreux projets de brochures. La réponse ne se trouve pas dans une supériorité absolue d’une technologie, mais dans un calcul de rentabilité : le fameux point de bascule. Globalement, l’impression numérique est plus économique pour les petites quantités car elle n’a pas de coûts de démarrage élevés (pas de plaques à graver). L’offset, avec ses coûts fixes de calage, devient plus rentable à mesure que le volume augmente, car le coût par feuille supplémentaire est très faible.

Historiquement, ce point de bascule se situait autour de 2000 exemplaires. Aujourd’hui, avec l’efficacité accrue des presses numériques, la zone de décision est plus large et plus floue. Selon les experts du secteur, le seuil de rentabilité entre numérique et offset se situe généralement entre 500 à 1000 exemplaires. En-dessous, le numérique est presque toujours le meilleur choix. Au-delà de 3000 à 5000 exemplaires, l’offset prend clairement l’avantage économique. Entre les deux, la décision dépend d’autres facteurs : la complexité du projet, le besoin de couleurs Pantone spécifiques (plus faciles à gérer en offset) ou les délais de production (toujours plus courts en numérique).

L’ensemble du secteur de l’impression commerciale est en pleine croissance, comme le montre la taille du marché mondial. Selon les analyses, la taille du marché de l’impression commerciale est estimée à 461,06 milliards USD en 2024, et le numérique représente une part grandissante de ce gâteau. Cela indique que les deux technologies coexistent et répondent à des besoins complémentaires.

Guide de décision numérique vs offset selon le volume de tirage
Volume Technologie recommandée Coût/unité estimé Délai production
500-1000 Numérique 0.50-1.00 $ 24-48h
1000-3000 Selon complexité 0.30-0.60 $ 3-5 jours
3000-5000 Offset 0.20-0.40 $ 5-7 jours
5000-10000 Offset 0.10-0.25 $ 7-10 jours

Ce calcul de rentabilité est le point de départ de tout projet. Pour bien l’évaluer, vous pouvez vous référer à notre guide de décision basé sur le volume.

L’arbitrage final doit donc intégrer non seulement le coût par unité, mais aussi la valeur du temps et de la flexibilité, des atouts où le numérique conserve une avance considérable.

Pourquoi les encres UV sont-elles indispensables pour tout affichage extérieur au Québec ?

Quand on parle d’impression pour l’extérieur au Québec, on ne parle pas seulement de résistance au soleil. On parle de résistance à un cocktail climatique extrême : des rayons UV intenses l’été, des pluies abondantes, un froid glacial pouvant atteindre -30°C, des cycles de gel et de dégel, et l’abrasion causée par le sel de voirie. Dans ce contexte, une encre standard est une condamnation à mort pour votre affiche ou votre bannière. C’est ici que les encres UV deviennent non pas une option, mais une nécessité.

Le principe de l’impression UV est simple et redoutablement efficace. L’encre n’est pas conçue pour sécher à l’air libre. Dès qu’elle est déposée sur le support (qui peut être du papier, du plastique, du bois, du métal…), elle est instantanément exposée à une lumière ultraviolette de haute intensité. Cette exposition déclenche un processus appelé polymérisation : l’encre liquide se transforme en une couche solide, durable et parfaitement adhérente à la surface. Comme l’explique un article de référence, les encres UV sont logiquement utilisées pour des applications extérieures en raison de leur capacité à adhérer à presque tous les matériaux, y compris rigides.

Les avantages pour un affichage extérieur sont immenses. Premièrement, la résistance à la décoloration est exceptionnelle. Une bonne encre UV est certifiée pour résister plusieurs années en extérieur sans perte de couleur significative. Deuxièmement, la résistance à l’eau et aux produits chimiques est totale, puisque l’encre forme une couche plastique protectrice. Enfin, sa résistance à l’abrasion la rend idéale pour des applications comme les panneaux de chantier ou les affiches publicitaires en bord de route, qui doivent survivre aux projections de sel et de sable en hiver. Choisir une autre technologie pour un affichage longue durée au Québec, c’est prendre le risque de voir son investissement se dégrader en quelques mois, voire quelques semaines.

Pour garantir la longévité de vos communications extérieures, il est crucial de comprendre le rôle essentiel des encres UV dans le contexte québécois.

En somme, l’encre UV n’est pas une simple encre ; c’est un véritable bouclier qui assure la pérennité et la rentabilité de votre message face aux rudes conditions climatiques locales.

À retenir

  • Le point de bascule économique entre le numérique et l’offset se situe désormais dans une large fourchette (500-3000 exemplaires), rendant l’arbitrage dépendant de la complexité et des délais.
  • La qualité d’une impression finale sur papier épais dépend autant du rainage (finition) que de la presse elle-même ; c’est une étape non négociable en numérique.
  • Les encres spécialisées (UV pour l’extérieur, blanches pour supports foncés, ElectroInk pour plastiques) sont les véritables game-changers qui donnent au numérique des capacités inaccessibles à l’offset pour des projets ciblés.

Comment choisir un papier qui résiste aux manipulations fréquentes sans se déchirer après 2 mois ?

On a beaucoup parlé des presses et des encres, mais la qualité perçue et la durabilité d’une brochure reposent en grande partie sur le troisième pilier : le papier. Un client qui prend en main un menu de restaurant qui se délamine ou un rapport annuel dont les coins sont déjà cornés aura une impression négative, quelle que soit la perfection de l’impression. Le choix du bon substrat est un acte stratégique qui doit être guidé par l’usage final du document.

Pour une brochure qui sera beaucoup manipulée (un programme de festival, une carte de sentiers, un catalogue produit), plusieurs options s’offrent à vous. Le grammage (l’épaisseur du papier) est un premier indicateur, mais il ne fait pas tout. Un papier de 100lb peut être rendu bien plus résistant par l’ajout d’un traitement de surface. Un vernis aqueux ou UV protégera l’impression des frottements et des traces de doigts. Un laminage (une fine couche de plastique appliquée à chaud) offrira une protection quasi totale contre l’humidité et les déchirures, transformant un simple papier en un document quasi indestructible. C’est la solution idéale pour les menus.

Pour les applications les plus extrêmes, on peut se tourner vers les papiers synthétiques (de type Yupo ou équivalent). Ce ne sont pas des papiers à proprement parler, mais des feuilles de polypropylène. Ils sont 100% résistants à l’eau, indéchirables et très durables. Ils sont parfaits pour des documents qui doivent survivre en extérieur ou dans des environnements humides. Le choix final est donc un arbitrage entre le toucher souhaité, le niveau de protection requis et le budget.

Pour que votre imprimé traverse le temps, il est fondamental de maîtriser les critères de sélection d'un papier durable et adapté.

En définitive, la discussion sur la rivalité entre numérique et offset s’efface devant une réalité plus pragmatique : la qualité d’un projet imprimé est le résultat d’un arbitrage intelligent entre une machine, une encre, un papier et une finition. Pour évaluer précisément quelle combinaison technologique est la plus pertinente pour votre prochain projet, l’étape suivante consiste à analyser vos besoins spécifiques avec un expert imprimeur qui saura vous guider au-delà des idées reçues.

Questions fréquentes sur l’impression offset et numérique

Qu’est-ce que le ganging en impression?

Le ganging, ou amalgame, consiste à regrouper plusieurs petits projets de clients différents sur une même grande plaque d’impression offset. Cette technique permet de partager les coûts fixes de calage de la presse, réduisant ainsi considérablement le coût unitaire pour chaque projet.

Quelles sont les contraintes du ganging?

La contrainte principale du ganging est le manque de personnalisation. Tous les projets regroupés sur la même feuille doivent impérativement utiliser le même type de papier (grammage, finition) et les mêmes encres (généralement le procédé standard CMJN), ce qui limite les options créatives.

Le ganging est-il encore pertinent avec le numérique?

La pertinence du ganging a fortement diminué avec l’avènement du numérique. L’impression numérique, n’ayant pas de coût de plaque ni de calage, permet une personnalisation totale de chaque projet sans contrainte de regroupement, offrant une flexibilité et une rapidité bien supérieures pour les petits et moyens tirages.

Rédigé par Jean-François Tremblay, Maître-imprimeur et expert en gestion de production graphique. Diplômé de l'Institut des communications graphiques du Québec (ICGQ), il cumule 22 ans d'expérience en atelier à superviser les chaînes d'impression offset et numérique dans la région de Montréal.